"TITRE : Meynard
ÉDITEUR : Éditions Fragments
COLLECTION : Odyssée
ANNÉE : 2004
FORMAT : 24 cm x 31 cm
NOMBRE DE TOMES : 1
NOMBRE DE PAGES : 205
ILLUSTRATIONS : oui, illustrations couleurs
RELIURE : cartonnée illustrée couleurs, tranchefile
ÉTAT : neuf sous cellophane
THÈMES : livre illustré, arts,
PRÉSENTATION
Jean-Claude Meynard (né en 1951), est un peintre et plasticien français dont l'œuvre va
de l'hyperréalisme à la géométrie fractale et à l'art numérique. Il est l'un des signataires du Manifeste fractaliste.
Son œuvre est axée sur l'exploration de la complexité du réel et la mise à jour d'univers géométriques.
Les débuts : l'hyperréalisme
Dans les années 1970, au début de sa carrière, Jean Claude Meynard s'inscrit dans le courant de l'hyperréalisme. La critique reconnaît alors que sa peinture ""développe les figures de
rites de passages et que sa force est de ne pas en donner des images métaphoriques"".
Ses toiles représentent des scènes urbaines, des figures emblématiques de la société (le métro, la moto, les bars, les flippers, etc.) comme dans Hyper Street quadriptyque de 7
mètres de long qui est exposé pour la première fois, en 1975, à Paris, à la Galerie « La Passerelle Saint Louis ».
Ces toiles hyperréalistes de Meynard ne sont pas des constats « photographiques » mais un travail pictural consistant en une surabondance d'éléments visuels qui remettent en cause les habitudes
de perception. La composition est dépourvue de hiérarchie et de centre focal. Les détails sont figurés au même niveau de réalité et le près et le loin ont la même focale. Comme l’écrit
André Giordan « Le projet de Meynard est de sortir du monde euclidien pour capter de façon antagoniste au même instant l'ensemble et le détail, le macro et le micro, le premier et le dernier plan ». « Un
hyper-œil pour une hyper-réalité, une hyper-géométrie ».
Les années 1975 et les grandes séries de la complexité
À partir des années 1975, Meynard évolue : son style, sans rien perdre de sa précision, se brouille, se floute, avec des effets de lumière, de cadrage et de composition proches de la
diffraction. Ses expositions de l'époque à Bâle et New York s'intitulent alors ""Série Noire"", ""Schizophrénie"" et les catalogues décrivent son travail comme une mise en peinture de la "" traversée des
apparences""… où l'image, même la plus réaliste se révèle être un fantasme. Meynard utilise alors l'expression ""la Géométrie des Enigmes"" pour désigner son travail d'exploration des figures
intérieures de la complexité.
À partir des années 80, Meynard utilise la seule lumière pour figurer les présences humaines. Les êtres, les contours des corps, sont peints comme des rayonnements, des tracés, des
lignes luminescentes comme dans l'œuvre Portrait de Marcel Duchamp. Meynard poursuit ce travail sur les corps lumineux jusqu'à la série du Radeau des Muses avec sa toile éponyme Le Radeau des Muses. Le critique Nicolas Bourriaud
décèle alors dans la série du radeau des Muses à la fois un hommage et un adieu à la « grande peinture », la conclusion d'un cycle. ""Cette tentative désespérée de reconstituer le corps
héroïque de la peinture est centrale chez Meynard qui méthodiquement, froidement même, travaille à recréer les conditions propices à sa venue. Si Meynard fascine c'est que son œuvre est le brasier glacial
où crépite l'éloquence de la peinture"". En 1990, Meynard expose la série Corps et âmes consacrée à la fragilité de l'identité humaine représentée par des corps qui perdent leurs
contours, leur ligne organique ou bien se dédoublent, le dessin et couleur étant dissociés. Cette série donne lieu à un catalogue où des critiques d'art tels Gérard Barrière, Nicolas Bourriaud, Henri
François Debailleux et Giovanni Lista, sont invités à s'exprimer sur l'œuvre de Meynard de façon poétique comme le suggérait la notice de présentation du catalogue Un voisinage Corps et Ames de la peinture
à l'encre.
Dans la série suivante (exposition mai 1994) Scribes et pharaons, les œuvres de Meynard perdent peu à peu l'anthropomorphisme des silhouettes, pour devenir une composition fragmentée, un entrelacs de
structures. Le critique Giovanni Lista parle alors d'un « rébus visuel » et précise : « L'œil voit émerger peu à peu, au centre de la composition, une forme humaine qui est prise, intimement et
organiquement, dans les multiples facettes de la surface picturale (…) le sujet se dérobe, mimétisé au milieu d'un espace morcelé ». Il annonce en cela sa troisième géométrie.
La dimension fractale - nouvelle géométrie de l'homme
À partir de l'exposition de décembre 1994 Tohu Bohu, esthétiques de la complexité fractale organisée à Paris sous l’impulsion du critique d’art Henri-François
Debailleux - Meynard va utiliser la géométrie fractale comme outil de déchiffrement de la complexité et nouvelle dimension de l’homme et construire une œuvre en constantes arborescences (peintures, sculptures,
installations, demeures). Il abandonne la perspective euclidienne pour les principes fractals d'expansion, de saturation, d'entrelacs et de réseaux à l'infini. Il entérine l'utilisation de la géométrie fractale en devenant l'un
des cosignataires du Manifeste Fractaliste en 1997, aux côtés d'artistes tels que Miguel Chevalier, Carlos Ginzburg, Pascal Dombis, et Joseph Nechvatal. Après avoir exploré les composantes fractales avec les outils classiques de la
peinture Meynard construit des œuvres en reliefs et volumes. Le catalogue de l'exposition le Temps fractal 2000 stipule : « le regard se diffracte en une immensité cristalline d'Altuglas et de miroir qui fait sculpture, réfraction et
image. Entre tableau et sculpture, la surface est devenue l'interface d'un monde hétérogène, chaotique et ordonné ».
En avril 2001, lors de l'exposition Les Infinis avec Joël Stein à Paris à la galerie Lavignes-Bastille, Meynard présente des œuvres qui montrent la genèse des objets fractals. Prenant,
comme matrice, son propre visage, il en fait un traitement fractal.
En 2005, la ville d'Évreux consacre à l'artiste, cinq mois durant, une double exposition (musée et Maison des Arts). Meynard y présente ses univers fractals, un série composée
d'impressions numériques sous Plexiglas. À cette occasion, il recompose les salles du Musée et de la Maison des Arts avec ses propres tableaux comme en 2006 à la galerie Maretti Arte Monaco où il mène le processus
d'expansion fractale encore plus loin. Ses tableaux, démultipliés sous forme de sérigraphies sont imprimés sur les murs et les espaces environnants jusqu'à la rue. Lydia Harambourg écrit à ce sujet qu'«
entrer dans l'univers fractal de Jean Claude Meynard piège nos certitudes. Ces images illusoires et cependant bien réelles des composantes géométriques sont orchestrées(…). Les œuvres de JC Meynard nous font vivre
l'espace physiquement. Sous la pression d'une fragmentation géométrique, une chorégraphie de plis, spirales, droites, diagonales et courbes, nous emporte dans un mouvement giratoire dont l'issue est le vertige de l'espace-temps
»
Les demeures fractales
À partir de 2006 Meynard entreprend de grandes installations qu’il nomme : « Demeures Fractales ». Investissant un lieu dans sa totalité (Galerie Maretti Arte Monaco, Monaco – 2006 ;
Espace Riff Art Projects, Paris – 2009 ; Grand Palais, Art Paris – 2010 ; Centre d’Art de Brignoles, Var, France – 2011; Maison des Comtes, Sauve, Gard, France – 2012, Salle Saint-Esprit de Valbonne Village et
Médiathèque de Valbonne Sophia Antipolis, Alpes-Maritimes – 2013), il en rompt la géométrie et, selon le processus de réplication fractale, démultiplie les perspectives, les plans, les espaces. Au cœur de
cette déstructuration organisée, il insère des tableaux, des sculptures, des reliefs et architectures numériques, comme d’autres espaces possibles, d’autres imaginaires qui se font échos et font échos
à l’ensemble. Dans ces demeures fractales, l’unique repère est une silhouette humaine : une présence circulante dans la complexité, prise et déprise dans les réseaux - un visuel de
l’interdépendance de l’homme et de l’espace. M.Pierre Paulicevich écrit à propos de la Demeure Fractale de Brignoles : «(…) faire entrer l’art contemporain et la géométrie fractale dans un
enceinte moyen-âgeuse était risqué «(…) « Jean-Claude Meynard a passé trois mois à installer ses œuvres autour et dans le fameux escalier, sur les plafonds, par terre mais aussi au sous-sol (…) le
bâtiment lui-même se transformant peu à peu en une brillante œuvre d’art, pièce unique que l’on ne reverra jamais. »
La série des Babels
Dans la série des Demeures Fractales, en 2007 il travaille particulièrement sur une des figures de la complexité : « Babel » du nom de la tour mythique. Robert Bonaccorsi écrit à
ce sujet : « Meynard s’empare du mythe de Babel pour l’insérer dans sa propre vision du monde. Il réinterprète l’architecture de Babel (…) tour, sphère, lames de verre, cube à partir de
silhouettes humaines solidaires, qui deviennent les signes d’une écriture.». Comme l’écrit Alain Biancheri dans son analyse des Babels de Meynard, « L’élément essentiel est la simplification de la
silhouette humaine qui renvoie (...) aux logotypes ou autres pictogrammes. La multiplication de sa forme, au-delà de la répétition sérielle, évoque tout naturellement le déplacement à partir d’un module qui
serait inspiré de « L’Homme qui Marche » de Rodin (...). Les phases successives connotent les recherches de Muybridge sur la chronophotographie ou « Le Nu Descendant l’Escalier » de Marcel Duchamp. Autant de
références qui enrichissent cette chaine d’humanité, cette écriture humaine (...) lui conférant un réel mouvement. »
Les Babels sont exposées de 2008 à 2009 à Venise, Shenzhen (Chine), Istanbul (Turquie), Paris (Grand Palais - France). En 2010, c’est autour de la dernière née des Babel, la
sphère monumentale « World », qu’est organisée à la Villa Tamaris (Var, France) une exposition regroupant 35 années de créations de l’artiste. Les grands cycles de l’artiste sont
présentés en dehors de toute chronologie sous l’intitulé : « Babel, la Géométrie des Enigmes - De l’Hyperréalisme au Fractal - », de façon à mettre en lumière les
correspondances et les échos visuels qui parcourent toute l’œuvre. Lydia Harambourg note : « la proximité d’œuvres réalisées à plusieurs années d’intervalle met en résonance une
démarche plastique enracinée dans la complexité du réel (…) ». Des effets d’hybridations entre les œuvres elles-mêmes sont repérées par Jean-Pierre Frimbois : « (…) c’est
une expérience d'une telle désintégration, reconstitution, que là, chaque œuvre est à la fois dans la même histoire et en même temps sans cesse en train d'être refaite ». Ainsi, le critique
italien, Giancarlo Pagliasso écrit en 2011 : « le nec plus ultra de l’exposition réside dans la suggestion d’hybridations que Meynard proposent aux spectateurs, et à lui-même, comme une troisième étape
possible dans sa création. La forme extrêmement minutieuse de la représentation qu’il a faite dans ses tableaux hyperréalistes pourrait ainsi se greffer comme un «morphing » sur l’iconicité abstraite,
géométrique de ses œuvres fractale. Je suis sûr que Meynard va tenter l’expérience.»
Source : Wiklipédia
12/08/2014
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