RICHELIEU
LE CHÂTEAU ET LA CITÉ IDÉALE
Christine Toulier
Photographies de Patrice Delatouche
Michel Berger Éditions
Année 2005 –296 pages – format 24x29 – couverture cartonnée illustrée couleurs sous jaquette rempliée illustrée à l’identique – tranchefile – photographies couleurs et reproductions de documents anciens en noir (dessins, plans, etc…)
Thèmes : régionalisme, Indre-et-Loire, urbanisme, architecture, histoire locale, monographie, Touraine
État : bon état, dos de la jaquette légèrement insolé, propre et solide
Particularités : édition bilingue (français –anglais)
Présentation
En 1631, le Cardinal de Richelieu (1585-1642) reçoit de Louis XIII la faveur de construire « un bourg clos de murailles et de fossés et de bâtir une halle ». La ville de Richelieu (Indre-et-Loire) et son château sont les œuvres de l'architecte Jacques Lemercier (1585-1654). Près de 2000 ouvriers travaillèrent sur ce chantier de 1631 à 1642 sous la direction des deux frères de l'architecte, Pierre et Nicolas. Il en résulte une cité en forme de quadrilatère de 700 mètres sur 500 mètres, entourée de murailles, flanquée de douves et de trois portes monumentales. La grande rue, large de 12 mètres, est bordée de 28 hôtels particuliers et constitue toujours un des atouts de la ville. Le château, quant à lui, a disparu au début du XIXe siècle avec la vente des matériaux le constituant.
C'est à cette cité, à son château et à son de parc que Christine Toulier, conservateur du patrimoine, chercheur au service régional de l'inventaire du centre et participante à l'inventaire des parcs et jardins du Maine-et-Loire, consacre une remarquable étude. Ce livre bilingue (français et anglais), dont l'introduction est signée par Renaud Donnedieu de Vabres (Ministre de la culture et de la communication de 2004 à 2007) est publié par « Berger M. éditions ». Il est divisé en deux parties : les châteaux de Richelieu et la cité idéale. L'histoire du château ou plutôt « des » châteaux commence par l'époque médiévale, avec un manoir rural du XVIe siècle, le château Renaissance, puis le château inachevé, le magnifique château de l'architecte Jacques Lemercier et, enfin, le Petit château (XIXe siècle), encore visible aujourd’hui. Dans cette chronologie architecturale, une partie est consacrée aux jardins et au parc, situé entre la ville et le château.
Afin de mieux appréhender l'organisation du site, des restitutions schématiques sont proposées et en particulier un très beau plan d'interprétation historique de1976 d'après le texte de Claude Vignier [auteur du livre « Le château deRichelieu » (1676)] et le plan de Jean Marot. Dessus, figurent la prairie, le rondeau, la patte d'oie, le fruitier, la palissade de buis, le grand parterre, le « sainfouin ». Cette histoire est traitée bien au-delà de la mort du cardinal en passant par 1880, année où le parc aurait bénéficié d'un tracé dessiné par les frères Denis (1811-1890) et Eugène Bühler (1822-1907), comme le prétend Laurence Berluchon dans « Les jardins de Touraine » (1940).
L’iconographie est très riche et variée notamment grâce aux photographies de Patrice Delatouche et aux nombreuses reproductions de sources archivistiques (gravures anciennes, cartes, cadastre...) comme un plan de Jean Marot ou des gravures de Gabriel Perelle.
Des emprises délimitant notamment les jardins, le petit parc et le grand parc sur des photographies aériennes contemporaines constituent des moyens didactiques astucieux pour comprendre l’espace et les volumes de la cité du Cardinal. Les prises de vues et gravures permettent aussi d’apprécier la grotte dite « de l'Orangerie » et celle dite « de Bacchus », fabriques toujours visibles au sein du parc. Afin de comprendre l’histoire des jardins de Richelieu des comparaisons sont faites avec d’autres sites et notamment dans la disposition semblable à celle, par exemple, des jardins du château de Saint-Loup-sur-Thouet (Deux-Sèvres).
La seconde partie est dédiée à la « cité idéale ». En effet, elle constitue un remarquable exemple innovant d’urbanisme et d’architecture du milieu du XVIIe siècle. Jean de La fontaine ne disait-il pas à son sujet qu’elle était « le plus beau village de l’univers » ? Les nombreuses photographies aériennes illustrant les propos montrent d’ailleurs combien l'impact de cette cité sur le paysage est important. Le pays, les hommes du chantier, les matériaux, le financement de la ville, son tracé, les fortifications, le lotissement, le déroulement du chantier, les édifices privés et publics (l'église paroissiale Notre-Dame de Richelieu, la halle, l'auditoire ou « pallais », l'Académie et le couvent) sont tour à tour décrits et analysés dans une étude très méticuleuse et précise. En effet, l’auteur passe en revue la maîtrise de l'eau, les matériaux (pierre de taille de Rajace, ardoise, terre cuite, bois, chaux, sable, verre...), la composition, le parcellaire, les portes, les façades, les intérieurs... La lecture de ce livre remarquable permet de mieux comprendre l’histoire d’un site exceptionnel encore trop peu connu du grand public. Il mérite d’être découvert et sauvegardé comme cela n’a pas toujours été le cas notamment avec la coupure du parc par une route tracée au XIXe siècle. En conclusion du livre, une double page est consacrée à un site voisin, réputé pour ses jardins : les jardins du château du Rivau à Lémeré(Indre-et-Loire). La lecture de ce livre ne peut qu’inviter à découvrir in situ Richelieu. Si le château n'est plus, un voyage sur place permet en effet de visiter une cité exceptionnelle encore trop souvent méconnue. Heureusement, une animation 3 D (« Visite virtuelle du château de Richelieu » avec l’ensemble de l’intérieur du château et des différents appartements du Cardinal, du roi Louis XIII et de la reine Anne d’Autriche, basée sur un important travail de recherche des œuvres d’art qui y étaient abritées) est projetée dans l’hôtel particulier du 28, Grande rue en été et toute l’année sur réservation.
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